Un coaching par et pour les premières concernées.
Ce podcast explique comment changer nos vies, comment aller de l’avant. En tant que survivantes de la traite des êtres humains, quelles sont les choses qui nous aident ? Comment avons-nous surmonté ces obstacles ? Le but de ce podcast est aussi que les gens écoutent et apprennent de notre histoire, apprennent également quelques points clés, des mots clés, sur la façon de changer également leur vie, pour ceux qui le souhaitent bien sûr. Une fois de plus, je tiens à vous remercier de vous joindre à nous. Aujourd’hui, j’ai vraiment de l’espoir, je crois que ce podcast, ce coaching, va aider beaucoup de gens. Nous ne sommes pas dans le jugement. J’espère que les gens se sentiront inspirés par ce que nous avons vécu, ce que nous avons survécu et ce que nous devenons. Et j’ai l’espoir que beaucoup de gens qui vivent la même chose ou qui ont vécu la même chose, vont écouter, se sentir motivés et se réveiller, voudront faire quelque chose, voudront apprendre, voudront enseigner aux autres, donner aux autres aussi. J’ai vraiment de l’espoir, je sais que ça va être puissant. Qu’une fois que les gens auront écouté cela, ils nous verront comme des mentors, apprendront de notre histoire et en tireront également un bénéfice. Alors merci à toutes d’avoir partager vos sentiments avec nous. J’espère que dans cet atelier, non seulement nous donnons mais aussi recevons en même temps parce que nous partageons mais nous apprenons également les unes des autres, et j’espère que tout ce que nous avons appris nous aidera dans le reste de notre processus. Alors merci à toutes pour votre participation. A la semaine prochaine !
7 épisodes à retrouver sur Youtube et TikTok
Ce projet a été possible grâce au projet Voice Over, co-financé par l’Union européenne.
Merci aussi à la Fondation de France pour soutenir la santé mentale des exilés.
Discours du 11 décembre 2023
Le 11 décembre 2023, le 3e plan d’action national de lutte contre l’exploitation et la traite des êtres humains (2024-2027) était présenté par Mme Bérangère Couillard, Ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, en présence de Mme Charlotte Caubel, secrétaire d’État en charge de l’Enfance et de M. Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion.
La Mist était présente pour défendre la participation des premières concernées :
Madame la Ministre,
Madame la Secrétaire générale,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie pour votre invitation, au nom de l’association Mist et de l’ensemble de nos membres
La Mist est un collectif de personnes qui ont été victimes de traite des êtres humains, qui se mobilisent, pour lutter contre ce phénomène, pour promouvoir l’identification d’autres victimes, leur protection, puis leur inclusion, dans un parcours qui leur permet de valoriser leur expérience en aidant d’autres victimes à leur tour.
C’est donc au nom de l’ensemble de ce collectif de victimes, que je vous remercie de nous laisser participer à ce lancement du 3e plan national français de lutte contre la traite des êtres humains.
En effet, la participation des victimes est importante. Notre participation est importante. Parce que nous sommes là pour garantir un principe fondamental. Ce principe est aussi simple qu’il est très souvent oublié : les victimes doivent être placées au centre de l’action menée. Parce que nous sommes les premières concernées par cette action, et parce que cette action doit répondre avant tout à nos besoins.
C’est pourquoi, nous œuvrons à la construction d’un espace de parole, de formation et de travail collectif, qui puisse permettre aux victimes de réellement participer, de donner notre avis et nos recommandations :
Sur les programmes qui sont construits pour nous,
Sur la protection de nos données et de nos droits,
Sur l’efficacité des actions menées ou leurs effets,
Bref sur nos vies à nous.
Il y a trois ans, j’ai poussé la porte d’un commissariat dans le sud de la France. Et j’ai demandé de l’aide. J’ai porté plainte. J’ai traversé une période très difficile, j’étais très seule. J’ai vu un psychiatre, j’ai repris mes études, mais je n’allais pas bien. Je n’ai eu aucune nouvelle de la police. Et puis un jour, presque par hasard, deux ans plus tard, j’ai été rappelée par un service spécialisé qui avait retrouvé ma plainte et qui l’avait raccrochée à leur dossier en cours. Et alors j’ai enfin rencontré des gens qui comprenaient ce que j’avais subie. Ce jour-là a été pour moi plus bénéfique que toutes les thérapies.
C’est pourquoi, je pense que l’accueil dans les services de police est déterminant. Et que l’expérience des victimes doit être entendue pour l’améliorer.
La traite des êtres humains est un phénomène complexe qui ne concerne pas que des femmes étrangères ou des réseaux internationaux. Trop de dossiers sont encore qualifiés seulement de proxénétisme alors qu’ils relèvent de la traite des êtres humains. Trop de victimes ne sont pas identifiées ni protégées, par manque de coordination.
Depuis plusieurs semaines, des contrôles de police se multiplient dans les lieux de prostitution de la capitale en amont des Jeux Olympiques de Paris. Les femmes sont placées en rétention administrative toutes les semaines.
Ces contrôles sont déployés auprès d’une population de victimes de traite potentielles ou avérées, sans aucun objectif de protection ou d’informations des victimes, sans aucune coordination avec des acteurs de la protection sociale.
Pourtant, les obligations internationales imposent à la France un principe de non-sanction : les victimes de traite potentielles ou avérées, ne sauraient être pénalisées pour des faits commis sous la contrainte.
Nous sommes très inquiètes des prochains mois et des effets qu’auront la mise en place des Jeux Olympiques de Paris sur les personnes victimes de traite.
Nous demandons la mise en place d’une cellule d’urgence dédiée, pour permettre la mise à l’abri des victimes, en marge des actions répressives qui continueront d’être déployées les six prochains mois sur la capitale.
Je vous remercie pour votre attention,
Nous ne manquerons pas de suivre la mise en œuvre du 3e plan national de lutte contre la traite des êtres humains
Merci.
Mist, Paris, 11 décembre 2023.
La Mist : une association spécialisée et innovante
La Mist est un collectif de personnes ayant été victimes de proxénétisme ou de traite aux fins d’exploitation sexuelle qui se mobilisent pour promouvoir l’identification d’autres victimes, leur protection, puis leur inclusion, dans un parcours leur permettant de valoriser leur expérience en aidant d’autres victimes à leur tour.
Cette dynamique vertueuse s’appuie sur une méthodologie d’intervention sociale unique développée auprès des personnes victimes d’exploitation sexuelle. Elle vise à favoriser la création d’espaces leur permettant de parler d’elles-mêmes au sein d’un cadre évolutif, de s’autonomiser en prenant part à l’action et à la gouvernance de l’association, de travailler en faveur de la production de recommandations, d’un meilleur accès aux droits pour les victimes et de la lutte contre la banalisation de violences ou de phénomènes d’emprise au sein des groupes de paires.
Créée en janvier 2020 par une équipe pluridisciplinaire de professionnels déjà aguerris aux problématiques de la lutte contre la traite des êtres humains, la Mist est la première association de femmes victimes de traite en France : la moitié du conseil d’administration est constituée de femmes ayant été victimes de traite alors qu’elles étaient mineures.
Dès sa première année d’existence, un groupe de membres de la Mist constituées parties civiles, a remporté la plus grosse condamnation jamais rendue en France pour des faits de traite des êtres humains, et signait un partenariat avec le Barreau de Paris pour mettre en place un mode opératoire inédit sur un territoire de prostitution parisien, entre des médiatrices-pairs nigérianes et des avocats bénévoles du Bus Paris Solidarité.
La Mist est un pôle ressources pour les victimes et les professionnels qui les rencontrent et les accompagnent.
La Mist est enregistrée sur la liste des administrateurs ad hoc auprès de la Cour d’Appel de Paris et soutient ainsi les victimes mineur.e.s devant la justice.
L’association est le premier service orienteur de France du dispositif national Ac.Sé qui permet un éloignement des victimes en insécurité vers des mises à l’abri dans d’autres régions de France (décret n° 2007-1352 du 13 septembre 2007 relatif à l’admission au séjour, à la protection, à l’accueil et à l’hébergement des étrangers victimes de la traite des êtres humain).
L’association est membre de plusieurs groupes de travail nationaux dédiés à la traite er coordonnés par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF).
La Mist est membre de la Global Alliance Against Traffic in Women (GAATW), de La Strada International (LSI) et du réseau Beyond Borders..
En mars 2023, les membres de la Mist ont contribué au Numéro 9 de la revue « Our Work, Our livres » de la GAATW intitulé : « Celebrating women leaders » ; ainsi qu‘à l’appel à contributions du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage : « Homeless as a cause and a consequence of contemporary forms of slavery ».